En sillonnant la Corée du Nord, Nicolas Righetti (en médaillon) avait l’impression d’etre dans un studio de cinéma géant. Ou le culte de la personnalité est poussé l’extrème, conne ici avec cette fresque de Kim Jong-il.
Alors que la Corée du Nord fait régulièrement les titres de Factualité, au gré des provoca tions Fégard de Washington, très peu d’observateurs étrangers ont eu le loisir de voir’ ce qui se trame Fintérieur. Nicolas Righetti, 36 ans, photographe et réalisateur genevois, fait partie des chanceux. Après neuf années de palabres, il réussi, dans le cadre d’un festival, se faire inviter par Pyongyang au titre de représentant du cinéma suisse. De ses qua tre séjours sous haute suiveillance de 1998 2002 il tire un documentale récemment diffusé au festival «Genève fait son cinéma», ainsi qu’un livre de photographies, Le dernier paradis édité la mi-octobre. Cantonnées au domaine de l’autorisé et de l’officiel, les images ne montrent rien mais expliquent beaucoup. Extrèmement pixellisées, elles dénoncent la mise en scène permanente du regime. Inteiviewé cette semaine par CNN, Nicolas Righetti ne sait pas si cette soudaine exposition médiatique l’autorisera se rendre Pyongyang l’année prochaine. Des festivités somptueuses sont prévues pour fé ter le lOe anniversaire de la mort du Grand Leader, Kim Il-sung.
Quelle été votre impression en arrivant en Corée du Nord en 1998? Cela faisait des années que je fantasmais sur ce pays. Ayant vécu deux ans en Chine, j’avais entendu des histoires incroyables comme celle de l’enlèvement de Japonais par les services secrets afin de mieux connaìtre leur culture. Cela dit, la réalité dépassait tout ce que j’avais pu imaginer. J’ai du retourner une deuxième fois pour croire. J’avais le sentiment d’etre dans un studio géant; la moitié de la population jouant une pièce que l’autre moitié regarde. J’étais parti pour mettre en scène la réalité nord-coréenne et je me suis retrouvé acteur moi aussi: on m’a interviewé, photographié… La propagande est partout et tout ce que l’on voit semble avoir été écrit d’avance. Vous avez, lors de vos quatre périples, effectué exactenent le mèine parcours. Le déroulement des événements est immuable: l’arrivée, quand bien meme vous avez dix heures d’avion dans les pattes, on vous donne un bouquet de fleurs et vous somme d’aller le déposer devant un monument la gloire du régime. Les visites s’enchaìnent alors, au rythme de six huit par jour: la maison de Kim Il-sung, le lieu de naissance de Kim Il-sung, l’univerF. Cella sj^ jg jqjjj Il-sung… chaque fois, les memes guides m’ont emmené voir les memes choses. Lors de mon dernier voyage, j’ai réussi négocier quelques incartades, toujours accompagné. J’ai pu, ainsi, prendre le métro ou aller la piscine. Voir les enfants terrorisés par ma présence sortir de l’eau en courant m’a montré quel point ce pays était hermétique. Qu’est-ce qui vous le plus narqué? Ce mélange entre un communisme scientifique et une adoration religieuse de la famille Kim. Les Coréens prétendent que leur pays est le paradis, Kim Il-sung représente le dieu Soleil. La visite de son mausolée est totalement édifiante: on vous prépare deux jours l’avance avec des recommandations incessantes. Arrivé sur place, vous etes fouillé et tout objet est confisqué. Vous passez alors aux rayons et sur des tapis En sillonnant la Corée Ou le culte de la personnalité La Chine La Constitution HISTORIQUE La Chine officiellement confirmé hier l’entrée en mars prochain de la propriété privée dans sa Constitution, qui entérinera une évolution induite par